Un homme, une femme et une fillette tentent de se construire une vie ensemble dans une maison de campagne qui ne leur appartient pas, au pied d’un escalier qui permet de monter voir l’avenir… Un roman sombre, mais lumineux par endroits, qui parle d’inévitabilité, de résilience et des familles que l’on se crée.
Vous trouverez ci-dessous des extraits et entrevues.
Maintenant disponible!
Disponible sur papier et en numérique
aux éditions Alire
illustration par Émilie Léger
finaliste aux prix Boréal-Aurora et Jacques-Brossard
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(disponible aussi sur la plupart des autres plateformes)
Résumé
Aurèle, un jeune homme tout ce qu’il y a d’ordinaire, a quitté tôt les bancs d’école pour aider à la ferme familiale. Mais quand prend fin la Seconde Guerre mondiale et que son frère plus vieux, Méo, rentre à la maison, il comprend qu’il n’est plus indispensable et il accepte un emploi d’homme à tout faire au domaine des Pontbriand.
Dès son arrivée, Aurèle constate que les maîtres des lieux sont absents et que tout est laissé aux bons soins de leurs employés – même l’éducation de la petite Lédonie, huit ans, dont les Pontbriand ont la garde. C’est Delphine, la gouvernante, qui lui fait la classe et, très vite, Aurèle s’entiche tant de l’enfant que de la jeune femme, dont les allées et venues nocturnes ne cessent de l’intriguer.
Tout d’abord réticente, Delphine partage bientôt son secret avec lui : elle l’entraîne dans l’escalier de la mystérieuse tourelle du manoir, un escalier qui mène vers l’avenir… leur avenir !
Si ce qu’Aurèle voit dans leur futur proche l’enchante – comme ce baiser bientôt volé à Delphine –, les étages ultérieurs dévoilent cependant un avenir plus sombre, inquiétant, au cœur duquel Lédonie semble tenir un rôle primordial. Or, comment savoir si c’est pour le meilleur ou pour le pire ?
Parlons du roman
Pour vous faire une meilleure idée de l’oeuvre, je vous invite à découvrir l’entrevue écrite et les capsules vidéo réalisées par mon éditeur.
Entrevue (sur la page Facebook d’Alire): partie 1, partie 2, partie 3
Autres capsules (liens vers YouTube):
Extraits
Vous pouvez dès maintenant lire le début du roman.
Voici aussi quelques extraits plus brefs, tirés de divers chapitres, pour vous offrir un petit survol:
Aurèle se plaît à côtoyer Delphine, qui n’en conserve pas moins son mystère. Elle le regarde comme personne d’autre ne le fait. C’était ainsi la première fois, quand il venait d’arriver et que Béatrice lui présentait le domaine et ses habitants. Il s’attendait à se sentir soupesé: à ce qu’on évalue s’il semblait honnête ou travaillant. Le regard de Delphine était différent. Plus aigu. Si bien qu’il ne savait que dire, ne savait trop si elle espérait sonder son âme ou lui découvrir des secrets que lui-même ignorait.
Depuis, il ne peut s’en empêcher: il l’étudie aussi. Il y prend goût. Elle n’a l’air de rien, issue elle aussi d’une famille modeste, une grande fille sérieuse du genre qui, d’ordinaire, n’aurait jamais de temps pour lui. Elle a un petit air insaisissable, l’air de tout savoir, l’air préoccupé; et quand elle a l’air ailleurs, il doit bien reconnaître qu’il préfère quand elle est ici avec lui.
Il craque une allumette. Un escalier se révèle, qui s’enroule en spirale autour d’un pilier central et s’étire vers le bas comme vers le haut. Aurèle hésite, puis monte. Il atteint un palier semblable à celui qu’il vient de quitter… et l’escalier continue. Il est parti du deuxième étage : combien de marches a-t-on bien pu caser encore dans cette tourelle? Impossible de voir plus haut à moins de monter.
La porte de ce palier-ci peut-elle mener à un grenier ? Aussi bien y jeter un coup d’œil. Sa main, pourtant, n’arrive pas à saisir la poignée. Il approche l’allumette, essaie de nouveau.
Sa main traverse la poignée. Celle-ci paraît solide mais s’avère aussi insaisissable qu’une vapeur. Il tâte encore: la porte n’est pas plus tangible. Le cadre en est solide, le mur autour tout autant. Mais s’il veut toucher la porte, sa main s’y enfonce et disparaît.
Deux ans qu’elles se côtoient et Delphine la connaît déjà comme si elle l’avait tricotée. Elle a toujours eu du mal à s’imaginer mère mais Lédonie, déjà, lui semble presque faire partie d’elle. Elle lui ressemble tant: sa curiosité, sa précocité, son esprit critique… même son nez! Delphine n’a jamais eu à devenir grosse, à enfanter dans la douleur, à changer des couches, et pourtant Lédonie est là, confiée à son seul soin. Delphine veut voir à son bien-être, même si cela nécessite de l’éloigner quelques jours, le temps d’affronter leur avenir.
Elle songe à ces étages lointains, dix ans plus haut, où elle n’a encore vu aucun signe de Lédonie. L’écarteront-ils définitivement du domaine pour la protéger? La protéger de quoi, au juste?
Elle aimerait pouvoir voyager dans le passé, aussi, et connaître Lédonie quand elle était toute jeune. Elle voudrait la tenir dans ses bras et lui raconter comment elles se rencontreront un jour.
La lumière est plate, jaunâtre, maladive.
C’est le ciel. Une empilade de minces nuages effilochés s’étale à perte de vue. De curieuses lueurs y dérivent lentement, comme de minuscules astres égarés. Sous le ciel, l’horizon est à demi vide. La végétation, clairsemée, manque de tonus et de couleur. Tous ces gens dehors ne semblent pas s’en soucier: ils lèvent les yeux, souvent, l’air à la fois émerveillé et terrifié. Certains pleurent comme en présence inespérée d’une vedette ou de la Sainte Vierge. Des regards fervents, implorants, désespérés qui convergent vers… l’espace au-dessus de la tourelle, on dirait. Impossible de voir de quoi il s’agit.
Lédonie, avec ses petits ciseaux, tranche laborieusement une jambe de Trombone, l’ours en peluche, puis la jette dans l’un des plus beaux et grands bols de service des Pontbriand, dans lequel gisent déjà les fragments d’une oreille et d’un bras.
Delphine observe un silence solennel. Elle sait qu’elle est censée diriger ses pensées vers l’occupant, mais fierté et frayeur l’habitent plutôt, à l’égard de Lédonie l’une comme l’autre. La fierté domine : c’est Lédonie qui a eu l’idée de cette cérémonie, après tout.
Le deuxième bras vient d’y passer. La petite caresse l’oreille restante de Trombone, puis entreprend de la couper aussi.
[Aurèle] sait qu’il ne pourrait vivre cette étrange vie avec personne d’autre. Il se raccroche à ce sentiment, le saisit pour en faire une autre perle à son chapelet. Il apprécie leur vie commune, la savoure d’autant plus qu’il devine assez bien combien d’années leur couple durera encore – s’ils suivent le chemin tracé. Pour le moment, leur amour tient, et ils vivent ce que personne d’autre ne vit, savent des choses que tous ignorent. Bien assez tôt, il aura à décider s’il s’embarque ou non pour combattre en Corée. Il serait tenté, lui qui n’a pas su contribuer au dernier effort de guerre… mais n’a-t-il pas ici un digne fardeau à porter? Dans les hauteurs de leur nouvelle maison se déploient toutes les guerres à venir et attendent des mystères […]… En restant, il doit pouvoir jouer un rôle que nul autre ne saurait jouer.