Dimanche. J’aurais ben dormi toute la journée si le téléphone m’avait pas réveillé. C’était Mercier. Prévisible, ce gars-là, d’habitude, mais quand il m’a dit ce qu’il avait fait cette fois-ci, j’en suis pas revenu.
J’avais entendu dire qu’il s’était attaché à un bonhomme « aux pratiques marginales », et c’est vrai pas à peu près. Son nouveau mentor est un trippeux de sado-maso. Il est proprio d’un club du genre à New York. Le vieux, son trip, c’est la domination, simplement, et il a l’argent pour satisfaire ses goûts.
Mercier avait commencé à le voir deux fois par semaine pour des petits jeux bien rémunérés. Puis, la semaine passée, le vieux lui a fait une offre d’emploi permanent à sa résidence. Un emploi comme S&M pet, rien de moins. Le suit en cuir, le masque, le zipper sur la bouche et tout.
Mercier a accepté. Il est payé, logé, nourri et il n’a pas à penser. Le vieux lui dit quoi faire. Pas de budget à tenir, pas de socialisation, pas d’angoisse à chercher le grand amour, à soigner son apparence, à essayer de paraître intéressant. Mon pote Mercier est devenu, à toutes fins pratiques, un animal domestique.
C’est génial!
Il a trouvé comment s’effacer entièrement de la carte. Plus besoin de se casser la tête à propos de rien. Il s’est complètement redéfini. Sans avoir à mourir, Mercier s’est réincarné sur un niveau d’existence où il sera plus à l’aise. Je suis presque fier de lui, tiens.
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