Assis au club vidéo, je grignote mon lunch. J’ai acquis un nouveau respect pour les végétariens. Pas toujours facile, comme régime. On a beau l’apprêter comme on veut, une salade, ça reste une salade.
Anyway.
Qu’est-ce qui détermine en quelle espèce on se réincarne? Est-ce que c’est directement relié au type de fautes qu’on a commises?
D’après leur comportement, j’imagine que les pigeons devaient avoir été des commères dans leurs vies précédentes. Les chats sont plutôt sensuels: des anciennes danseuses, peut-être? Les hippopotames devaient être des couch potatoes, des zappeurs paresseux de la pire espèce.
Évidemment, c’est peut-être plutôt une question de justice poétique. Quiconque aurait péché par excès de parole se réincarnerait en carpe (c’est censé être muet, une carpe, non?). Un voyeur deviendrait un de ces animaux presque aveugles: une taupe, ou ben une chauve-souris.
Ciboire, Dieu sait ce que les vers de terre ont ben pu faire pour mériter leur sort…
Le bill d’électricité et celui du chauffage sont rentrés en même temps. Je suis en retard sur les deux. Celui de l’Hydro, je l’ai placé contre la paroi de l’aquarium, pour que le poisson puisse le lire. J’ai calculé sa part et je l’ai écrite à côté du montant total, pour qu’il voie ce qu’il me coûte. On dit que ces poissons-là se rappellent jamais plus que les trois dernières secondes, mais là, avec la facture devant les yeux, il pourra pas oublier.
Bonyeu, ça démontre juste à quel point j’aurais besoin d’un coloc. Mais non, je le supporterais pas longtemps. C’est à peine si je supporte l’appartement lui-même. On dirait qu’il y a encore dans l’air les échos de tout ce qu’on s’est dit, mon ex pis moi. C’est malsain.
Ici, au club vidéo, l’air porte pas d’histoires à part celles que je fais passer sur la grande TV.
Bats, ce soir. Un essaim de chauves-souris qui tuent du monde. Ridicule à souhait.
Au fond, les monstres dans les films d’horreur sont les instruments de la bonne vieille loi de la sélection naturelle. C’est presque toujours les personnages stupides, achalants ou lents qui se font tuer. Évidemment, comme presque tous les personnages dans ces films-là sont stupides, ça fait des bains de sang impressionants.
Quand même, c’est une idée intriguante. Et si les animaux étaient vraiment l’outil d’une force quelconque? Je déteste pas cette idée-là.
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